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Krzysztof Zanussi parle de son film l’Impératif et de sa collaboration avec Robert Powell

- Pouvez-vous-m’en parler sur Robert Powell et le tournage de L’impératif ?
« J’avais vu Robert Powell, surtout dans Jésus de Nazareth. Et puis, j’ai fait sa connaissance lors du festival de New Delhi. Nous avons parlé un peu, et je lui avais demandé s’il était intéresse de participer dans un film à petit budget et de jouer un personnage que j’allais écrire pour lui. Il a accepté et m’a encouragé.  Finalement j’ai écrit ce scénario pour Robert.

« Le départ a été très dramatique ! J’ai d’ailleurs écrit à ce propos dans mes mémoires (Le temps de mourir). Cela a été très particulier parce que mon producteur ne voulait pas de lui. Notamment parce qu’il ne le croyait pas capable de jouer pour des honoraires si réduits. Nous avions aussi perdu notre co-producteur. Le jour où il était parti, notre producteur allemand nous a dit qu’il fallait absolument substituer M. Powell avec un petit comédien allemand. Je me suis opposé.

« Finalement, il a appelé un comédien allemand et lui proposa le rôle sans mon autorisation. Alors, j’ai appelé Robert en lui demandant s’il accepterait d’être payé au salaire minimum. Il a accepté. Il a dit que cela ne le décourageait pas. Or, notre producteur n’y croyait pas, il était sûr que Robert disait ça maintenant, mais qu’après il allait changer d’avis, que c’était quelqu'un de capricieux, de dangereux pour le film. D’ailleurs, il ne voulait même pas tourner ce film en anglais, il a dit que de toute façon c’était mieux de le tourner en allemand.

« Alors c’était vraiment dramatique parce que Robert a décidé de venir en personne. Il a acheté son billet pour Frankfort, où je devais aller le chercher parce que le début  du tournage allait commencer. C’était dans les jours où il y eut les grandes manifestations écologistes contre l’élargissement de l’aéroport de Frankfort. Alors, Robert était arrivé, mais je n’ai pas pu m’approcher de la terminale à cause des manifestants. Et comme personne ne venait le chercher, il décida de prendre le prochain avion pour Londres. Il se disait qu’il avait fait tout de sa part pour montrer sa bonne volonté, et si personne n’a été capable de venir le rencontrer, ce n’était donc pas une proposition sérieuse.

« J’étais avec un jeune homme allemand, qui était mon assistant et mon chauffeur, et il a trouvé une solution géniale pour percer la barrière de la police qui entourait l’aéroport. Car on pouvait juste s’approcher par la terminale du train. Or, si nous le faisions, nous allions perdre une heure. A cette époque on n’avait pas de téléphone portable qui aurait pu sauver la situation ! Mon assistant a donc acheté des casquettes Avis, l’entreprise de location de voitures, et nous nous étions approchés des policiers. Mon assistant leur a dit que nous étions des chauffeurs pour évacuer les voitures Avis parce qu’elles étaient en péril, car les manifestants jetaient des pétards et pouvaient les brûler.

« La police nous a permis d’approcher de l’aéroport, où j’ai trouvé Robert Powell qui était déjà en train d’examiner les vols de retour pour Londres. C’est grâce à cette coïncidence qui le film a été sauvé. Vraiment le tournage a commencé avec cette tension, mais après cela, la collaboration a été très efficace, très satisfaisante.

« Plus tard, j’ai eu la chance de l’avoir pour un autre film - moins important pour moi. Il reste mon comédien préféré. Avec lui, j’ai changé beaucoup le scénario afin de lui donner l’opportunité de jouer dans ce film qui s’appelait La longue conversation avec un oiseau.

« Pour ce film, je me suis inspiré d’une œuvre littéraire qui parle d’un comédien en crise, qui n’est pas très en vogue et qui tombe amoureux d’une jeune fille d'une quatorzaine d'années. C’est un petit peu comme Lolita. Et il a le courage de refuser cette tentation. Il a beaucoup de caractère et de sagesse pour comprendre que cette fille, qui est folle amoureuse de lui, n’a qu’un caprice d’enfant. Et ce n’est pas vraiment un sentiment valable. Il ne veut pas avoir cette relation.

« C’est un film très moraliste, contrairement au scénario. Dans le scénario, il avait une relation avec cette fille, et cette fille fait une fugue après avoir consommé son amour. Nous, nous avions décidé de le changer : elle fait une fugue parce que l’amour n’est jamais consommé. On a beaucoup changé les dialogues avec Robert. Il a joué ce rôle vraiment très bien : il est tenté par cette fille, et elle est désespérée, elle veut absolument consommer son amour, mais à la fin il résiste.

« Je suis resté en contact avec Robert, et j’espère que pour lui deux films ne seront pas suffisants. Probablement on fera un troisième. Je n’ai pas la production au courant. Ce doit être une co-production en anglais, ce doit être quelque chose pour lui, car Robert ne peut pas jouer n’importe quoi. Je ne vais pas lui offrir n’importe quel rôle. Celui-ci doit être très particulier. Il y a des acteurs qui peuvent jouer certains personnages, mais pas n’importe quel personnage. Je trouve que c’est là son problème, il n’a pas assez de propositions parce qu’il a un type de caractère spécial, il représente un type plutôt aristocratique. Et aujourd’hui on n’a pas beaucoup de personnages avec ces caractéristiques. Ce n’est pas très à la mode. Il y a des époques pour les acteurs.

« C’est la mode qui change, pas l’âge. Pour chaque âge, on a des modes. Mais il y a des périodes quand certains visages et attitudes intéressent plus que les autres, et après ça change avec les générations. Moi, je ne suis pas la mode, j’essaye de la créer. C’est beaucoup plus important, plus ambitieux pour l’artiste. Être la source de la mode, pas un esclave.

- Ecririez-vous un rôle pour lui, maintenant ?

« Sûrement, mais je dois voir les chances réelles de financement. Pour l’instant je n’en vois pas.

- Est-ce que son rôle dans Jésus de Nazareth vous a inspiré pour écrire L’impératif ?

« C’est quand on connaît le comédien que l’on crée le personnage. Il est plus proche du personnage. Je suis moi-même un ex-physicien, je m’intéresse à ces milieux mathématiques, scientifiques. C’est un rôle très cher pour moi, mais qui n’a rien à voir avec Jésus.

Propos recueillis par Gisela Esparza le 2 janvier 2003.